L’occidental piège comme il respire. C’est un art subtil, fruit d’une pratique ancestrale mêlant séduction, brutalité et planification. Enfumant les perceptions, il sait transmuer la puanteur morbide de ses pièges en une odeur de rose et de promesse de jouissance. C’est sa façon d’étendre ses ailes sur le monde. Il est doué pour se raconter des histoires dans lesquelles on sauve des vies alors qu’on en détruit. Des histoires de techniques qui soulagent du poids des jours, effacent les doutes, la vulnérabilité, éloignent la sensibilité. Jusque dans son langage, la plus petite trace de conflictualité est effacée. Les mots hydroalcoolisés que l’on s’échange nettoient le réel de ses tensions, de ses altérations. La vie, lessivée, perd son goût. La mort elle-même est à ce point siphonnée que son langage devient celui des statistiques.
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"Piège le piège", sur lundi.am ["https://lundi.am/4138"]
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